LESOTHO - BENIN


LESOTHO : du 5 au 11 Mars

Etant donné que nous avions encore un peu de temps en Afrique du sud (suite à l’annulation du voyage à Madagascar), nous avons décidé de passer quelques jours dans un des 3 pays au monde qui soit totalement entouré par un autre pays. Le Lesotho est en effet en plein cœur de l’Afrique du sud et les relations de ces 2 pays sont si proches que le Lesotho ressemble à une province sud-africaine. Pourtant, nous avons trouvé que ce mini-pays a un caractère bien à lui. Par exemple, les Basothos (c’est-à-dire les habitants du Lesotho, qui parlent le Sesotho…) portent aujourd’hui encore la couverture traditionnelle : ils la posent autour leurs épaules en guise de manteau, les femmes se l’attachent autour de la taille comme une jupe et c’est la tenue que choisissent certains officiels lors des cérémonies nationales. Le bâton (genre de canne) est lui-aussi un accessoire important des hommes. Pour découvrir plus en profondeur les montagnes du Lesotho, nous nous sommes offerts une randonnée à poneys Basotho (c’est-à-dire de grands poneys typiques de ce pays) pendant 4 jours : super ! Nous avons adoré parcourir les prairies où de jeunes bergers surveillaient leur troupeau (vaches, moutons, chévres…) d’un œil tranquille, galoper (Oui, oui, ça nous est arrivé !) à travers les hautes herbes ou le champs de maïs, suivre les sentiers serpentant à flanc de montagne…



Le guide, Julies, nous a expliqué toutes sortes de choses mais la communication avec les familles qui nous hébergeaient chaque soir dans un des petits villages perdus dans la montagne a parfois été plus difficile : que se dire quand on vit dans des univers si différents ? Heureusement, il y avait les enfants qui bricolaient des voitures en fil de fer, les femmes qui cuisinaient sur le feu, le retour des troupeaux juste avant le coucher de soleil…La vie simple et paisible. Le 11 mars, nous sommes retournés à Maseru, la capitale, pour fêter le 152ème anniversaire de la mort de Moshoeshoe 1er , premier roi du Lesotho. Nous avons assisté à la cérémonie officielle où nous avons vu l’actuel roi : danse traditionnelle des bâtons, chants de chœurs d’enfants et de jeunes, discours, exercice militaire, dépôt d’une flamme devant le portrait de Moshoeshoe 1er (genre flamme olympique)…Puis nous avons été invités à manger, danser et surtout prendre des photos en tenues traditionnelle par l’équipe du centre de volontaires où nous logions : ambiance beaucoup plus sympa !

TRANSIT A JOHANNESBURG :

Notre avion partant le 14 mars au matin, nous avons passé 2 jours à Johannesburg pour régler nos dernières affaires.

BENIN : du 14 Mars au 13 Avril

Nous quittons Johannesburg avec joie le 14 mars. Cette ville en effet est trop dangereuse pour être appreciée. Nous prenons donc le dernier avion de notre voyage…(ensuite nous rentrerons en France par la terre depuis le Benin). Pas de confort dans cet avion, même pas de télé. Pour une fois que nous aurions pu avoir un programme en français ! Après une heure de halte au Congo (Grazzaville)… Nous arrivons à Cotonou. L’aéroport est minuscule. Tous les gens parlent français autour de nous : cela nous semble étrange. En effet, après 20 mois de voyage, le Bénin est notre 1er pays francophone, cela est plutôt reposant. Vous devons maintenant acheter notre visa à l’aéroport. Nous donnons chacun 16 E et la douanière, tout naturellement, nous dit qu’il faut faire un petit cadeau. Cela commence bien…La corruption ici est monnaie courante. Nous argumentons calmement et nous en tirons cette fois ci…à quand la prochaine fois ?… Ce visa n’étant en fait valable que pour 48 h, il faudra donc aller au bureau d’immigration de Cotonou et redonner de l’argent… Comme dans la plupart des pays, nous cherchons ensuite un distributeur de billet, mais en vain, il n’y en a pas dans ce pays…Il va falloir se débrouiller autrement. Notre avion est arrivé avec plus d’une heure d’avance, ce qui est anormal en Afrique. Nous voilà donc attendant nos amis. Il fait horriblement chaud et moite…bienvenu en Afrique de l’Ouest !…

RETROUVAILLES AVEC MADELEINE

A l’heure où notre avion aurait dû arriver, nous voyons approcher Madeleine, très surprise que nous soyons déjà là et un peu déçue, car elle avait prévu un accueil. Nous attendons les amis Béninois de Madeleine, qui arrivent bientôt avec des pancartes de bienvenue. Tout le monde s’attendait à ce que nous arrivions avec 3 h de retard au moins… Désolés, la surprise est un peu ratée mais nous avons beaucoup apprécié le geste.

BREVE PRESENTATION DE MADELEINE ET DE SES AMIS

Madeleine Gillard est présidente de l’ONG (Organisation Non Gouvernementale) « Atout Cœur Enfance Bénin »dont le siége est à la Roche / Yon. Dans notre itinéraire initial, nous n’avions pas prévu d’aller au Bénin mais Madeleine…A su nous convaincre de faire un petit crochet. Cela fait 10 ans également que l’ONG existe. Le but de cette ONG est de venir en aide aux enfants du Bénin : construction d’écoles, de centre de santé, de maternité…Des aides sont également apportés à des orphelinats, des hôpitaux de brouse, des centres de lecture, des écoles…Sous forme de lits, de bureaux, de jeux éducatifs, de livres… Certains enfants et jeunes sont aussi pris en charge matériellement et peuvent ainsi aller à l’école et même à l’université. Le travail d’Atout Cœur Enfance Bénin est vraiment immense. Biensûr Madeleine n’est pas seule, elle a toute une équipe de bénévole en France et également au Bénin, qui font un grand travail. Mais nous l’admirons pour son courage et sa générosité. Elle consacre presque tout son temps en France pour L’ONG et nous devons dire que son travail au Bénin n’est pas des plus faciles. Il faut faire attention aux amis qui essaient de profiter des dons. Pour construire une école, on demande des backshihs. Pour dédouaner container, c’est la même chose. Les blancs en Afrique sont symboles de richesse aussi on peut être victimes d’excroquerie…

LES 20 JOURS AVEC MADELEINE

Très vite Madeleine nous a fait rencontrer le ministre de la Santé. Cette derniére était vraiment très simple, humaine et sympa. C’était la 1ère fois que nous étions reçus par un ministre. Le ministre, amie de Madeleine nous a prêté un 4X4 tout neuf avec chauffeur pour mener à bien la mission d’Atout Cœur. Ainsi nous avons pu aller facilement sur les pistes pour aller voir des écoles, des orphelinats et leur apporter quelques cartons, contenant de quoi faire naître un sourire chez les enfants.



Avec Madeleine, nous avons visité une dizaine d’écoles : construites ou aidées par l’association. Certaines écoles étaient vraiment très sommaires : un toit en paille, des murs fissurés, des bureaux de 2 places qui servaient à 4 élèves. Nous avons même vu une classe à l’ombre d’un arbre : pas de murs et même pas de chaises. Les enfants se tenaient donc debout… A chaque fois que nous arrivions dans une école, c’était la fête. La 1ère partie était souvent officielle : petit discour, présentation des parents d’élèves, du chef du village…et de nous bien entendu. Ensuite, nous avons souvent eu le droit à des chants et danses de femmes avec à la percussion les hommes. Une fois même, ce sont trois masques (danseurs dont le visage est caché) qui sont venus danser pour nous. C’était vraiment un honneur. Les enfants aussi ont dansé, chanté, fait des squetchs pour notre arrivée. D’ailleurs à chaque fois que nous rentrions dans une classe, les enfants nous chantaient une chanson de bienvenu. C’était très touchant. Les directeurs des écoles nous offraient ensuite de la boisson et nous invitait à manger. Biensûr à chaque fois, presque tous les habitants du village encerclaient l'école. Cela nous semblait alors étrange de manger devant ces gens qui n’avaient pas grand chose. « C’est ça l’accueil au Bénin ! », nous disait-on à chaque fois : « l’étranger est roi ». Nous ne pouvions pas refuser ce qu’on nous offrait (cela aurait été une offense)…aussi nous avons accepté différents cadeaux (bananes, ananas, œuf et même des pintades…) que l’on redistribuait ensuite… Nous avons distribué différentes choses dans les écoles : des cartables avec fourniture à l’intérieur, des stylos, des ballons de basket, des balles de tennis. Si vous aviez vu les enfants jouant chacun avec leur balle dans la cour, vous m’en auriez pas vu vos yeux. Ces enfants n’ont presque rien alors posséder une balle, c’est beaucoup pour eux. Vous nous souviendront longtemps de l’accueil de ses enfants, de leur gratitude et de leur sourire. Il y a beaucoup à faire au Benin pour les enfants : beaucoup d’enfants travaillent dans les champs avec leurs parents et ne vont pas à l’école. Dans les écoles que nous avons visité, il y avait très peu de filles…Les écoles sont encore peu nombreuses. Nous avons vu une classe de petits avec 108 enfants par exemple. Les instituteurs eux ne recoivent même pas 30 E par mois… Nous avons également rencontré le ministre de l’enseignement primaire et secondaire grâce à Madeleine. Il était lui aussi très simple et encore professeur à l’université. Il nous a expliqué que les écoles Beninoises étaient victimes de leur succés. De plus en plus d’enfant viennent à l’école mais les locaux ne sont pas encore là. Le budget ne suffit pas.

LE NORD

Atout Cœur est présent un peu partout au Benin, et même dans les endroits les plus reculés. De Cotonou, au Sud, nous avons fait 700 kms pour nous rendre dans le Nord, une des parties les plus pauvres du Benin et la plus aride. Le 4X4 est alors obligatoire, ce qui ne nous a pas empêchés de crever une fois.



Nous ne nous sommes pas lassés de la route, il y avait tant de choses à voir : femmes portant de lourdes charges sur leur tête avec un bébé accroché dans leur dos, enfants tout nus jouant avec des pneus, vendeurs d’essence venant du Nigéria, camions de coton, plantations d’ananas, fôrets de tek… Bref des milliers de petites scènes extraordinaires pour nous… Nous avons visité la région de l’Atakora, très belle et authentique. Les gens ici habitent dans des tatasombas c’est-à-dire des maisons qui ressemblent de l’extérieur à de petits châteaux forts avec pour tours des greniers à mil, à arachides et autres. La tatasomba est faite en terre rouge, terre de latérite…Devant celle-ci il y a des petits monticules de terre représentant les ancêtres. Prés de ces belles maisons, il y a des baobabs et des manguiers offrant de l’ombre pour combattre les 40°C quotidien. Dans la tatasomba, il y a des chambres. Pour y accéder ce n’est pas très facile. L’entrée y est étroite et au ras du sol. A l’intérieur de la chambre, on ne peut pas être debout mais on y trouve de la fraîcheur. Après cette visite, nous sommes repartis avec des œufs et des pintades. C’était encore un merveilleux accueil.

ABOMEY

En rentrant de notre mission, nous sommes descendus à Abomey, la cité royale. Ici règnement de père en fils de 1620 à 1900 les rois d’Abomey. Nous retiendrons de cette visite que lorsqu’un des rois est mort, 41 de ces plus belles femmes se sont fait volontairement enterrées vivantes. Le roi pouvait avoir jusqu’à 4000 femmes et c’était un honneur que de porter son crashoir. Les rois vendaient leurs esclaves aux blancs contre des canons, au début et ensuite ils les ont combattus. Les amazones, femmes guerrières, ont beaucoup aidé les rois d’Abomey. Abomey est aussi connu pour ces belles tentures aux motifs naïfs.

GANVIE

Ganvié est la plus grande cité lacustre d’Afrique. Elle abrite 10 000 habitants. Pour y accéder, nous avons pris une pirogue à moteur. Nous avons vu de nombreuses maisons sur pilotis, et aussi des écoles, des églises et même un cimetière. Certaines habitations reposent sur de petites îles naturelles et d’autres sur des îles construites. L’eau ne dépasse pas un mètre de profondeur. C’est fascinant de voir cette ville sur ce lac où cohabitent des milliers de personnes. Les pirogues sont l’unique moyen de locomotion. Nous croiserons beaucoup de pirogues. Certaines sont pour les passagers, d’autres sont des vrais magasins ambulants. C’est un ballet permanent. Les femmes pour se protéger du soleil mettent un chapeau qui doit bien avoir un mètre de diamètre.

RETOUR A COTONOU

Nous retrouvons notre chez nous, c’est-à-dire une mission africaine tenue par des sœurs. Nous retrouvons également une amie, Cathy, et son petit garçon Beninois, Charles. Cathy de Nantes est venue au Benin pour adopter un enfant, mais ce n’est pas si facile. Il faut affronter l’administration et ses backshihs. Charles est un enfant Bariba, c’est-à-dire d’une ethnie du nord du Benin. Dans cette ethnie, il y a plein de règles. Si l’enfant nait par le siège, on le tue. Si les dents du haut poussent avant les dents du bas (cas de Charles), on le tue également. Les enfants handicapés, jumeaux subissent le même sort. Bien souvent les mamans ne veulent pas que l’on tue leur enfant et le cache. Ainsi Charles a pu échapper à la mort. Nous sommes restés beaucoup de temps avec Cathy et Charles et nous sommes beaucoup attachés les uns aux autres.

FIN DE NOTRE SEJOUR AU BENIN

Nous avons dit aurevoir à Madeleine le 1er Avril et l’avons beaucoup remerciée. Nous qui avions d’habitude de voyager dans des bus, nous nous sommes retrouvés dans un 4X4 flambant neuf, ce qui nous a permis d’aller visiter les villages de brousse, difficilement abordables autrement. Nous retrouverons Madeleine le 15 juin, date de notre retour… Nous ne sommes pas restés ensuite longtemps à Cotonou, ville horriblement polluée à cause des zemdgens, les mobylettes-taxis. La circulation y est très dense, l’air pas très respirable et très très souvent, on vient nous vendre des CD ou des lunettes de soleil, ou de l’artisanat, ou des fruits…ou…

LOKOSSA

Nous avons donc fui Cotonou pour Lokossa, petite ville à la frontière du Togo où nous étions attendus par François, un espérantiste. Et oui, il y a aussi des espérantistes ici. Le siège de l’espéranto au Benin est même chez François. Il n’a qu’une très simple maison où il n’y a que deux pièces : une pour sa chambre, l’autre pour l’espéranto…



François nous a fait entrer dans le village de sa famille, là encore un poulet a été tué pour nous. Nous avons pu ainsi vivre une journée dans une famille beninoise. Il faut dire que la famille était bien grande : un mari, trois femmes encore en vie et 25 enfants.Nous avons appris que le père peut donner à ses enfants son nom de famille ou bien le nom de ses aïeules. Nous connaissions deux espérantistes beninois de nom très différents qui en fait était frères ! François nous a fait également visité une industrie de textile et une école. Bienque ce soient les vacances, les enfants étaient là. François nous a expliqué qu’il suffit de « gongoner » le jour d’avant : comprenez « passer la nouvelle » (avec un gong ?-Non !)

OUIDAH

C’est notre dernière étape avant d’aller passer quelques jours au Togo. Ouidah, est l’ancien centre d’embarquement des esclaves. Beaucoup d’africains sont partis d’ici pour le Brésil. Le nom d’une des portes est très significative : la porte du non-retour. Ouidah est un lien incontournable pour comprendre ce qu’était l’esclavage et c’est une ville encore très importante pour le vaudou, cette croyance traditionnelle liée à la sorcellerie.

QUELQUES JOURS DE RAB’AU BENIN :

Nous pensions quitter le Bénin le 7 avril à partir de Lokossa mais le destin en a décidé autrement. En effet, notre nouvelle amie Cathy et son fils Charles nous ont appris qu’ils étaient à l’hôpital pour une forte fièvre. Qu’à cela ne tienne : nous voilà repartis vers Cotonou !



Impossible de laisser nos amis seuls en de telles circonstances, d’autant plus qu’ils en avaient déjà bavé 7 semaines sur le parcours du combattant de l’adoption. Nous avons donc passé la dernière semaine tous les 4, partageant l’attente, l’inquiétude et la joie. Quelques jours inoubliables qui auront sélé notre amitié à tout jamais… Après leur avoir dit au revoir le vendredi 12 avril, nous avons repris nos sacs de globe-trotters pour entamer notre remontée de l’Afrique.