TOGO - BURKINA FASO - MALI

TOGO : 13-14 avril

Imprévu

Ce petit pays n'etait pas prévu sur notre itinéraire mais depuis longtemps déjà, Koffi Gbeglo (le délègué africain de UEA c'est-à-dire de l'Association Universelle d'Espéranto) nous y invitait. Or, en arrivant au Bénin, nous avions obtenu un visa nous permettant de passer dans les 5 pays de l'Entente (Bénin, Niger, Togo, Burkina Faso et Côte d'Ivoire) pour un prix intéressant. Nous avons donc accepté l'invitation et avons passé un petit week-end très sympa chez les espérantistes de Lomé, la capitale du Togo.





Voyage infernal :

Après cet intermède, nous avons du reprendre la route pour le Burkina et là, nous avons renoué avec les "joies" des transports en commun africains.

Fini le confort du 4X4 climatisé de Gilbert (au Bénin)!

D'abord 3 heures d'attente à la gare routière pour faire le plein de passagers : 18 adultes et 1 bébé entassé dans un mini-van. A peine partis, au moment de prendre de l'essence, on nous fait redescendre et attendre encore une bonne demie heure : le réservoir avait une grosse fuite ! Embarquement bis, quelques kilomètres pour sortir de la ville et voila 2 passagers supplémentaires et un militaire (censé assurer notre sécurité...) qui montent à leur tour : le chauffeur se retrouve ainsi avec 4 voisins (Bonjour la liberté de mouvements pour conduire !) et David aussi dans sa rangée... Sur ce, nous voilà partis pour 18 heures de voyage sur une route Défoncée ! On pourrait penser que ça a été un cauchemar et pourtant, nous en garderons un très bon souvenir. Bien sur nous sommes arrivés fatigués et avec un bon mal de fesses mais l'ambiance a l'intérieur de ce minibus était extraordinaire. Mélange de Maliens, Togolais, Burkinabés, Ghanéens et Français (nous, quoi !), l'équipage supportait la situation avec bonne humeur ; chacun s'occupait du bébé (d'ailleurs très sage), discutait avec les uns et les autres, somnolait en posant sa tête sur l'épaule de ses voisins...
Ah, l'Afrique !

BURKINA FASO : 15 - 20 avril


déjà vu :

Pour la première fois depuis le début de ce voyage, nous avons retrouvé un pays ou nous étions déjà venus. Il y a 6 ans, nous y avions passé près d'un Mois en pleine saison des pluies. Quelle différence ! Cette fois-ci, tout était sec, la chaleur de la mi-journée nous a contraints à rester tranquilles sous le manguier de longues heures mais nous n'avons pas été embêtés par les moustiques. Contrairement a ce que nous avions pensé, nous ne sommes pas retournés voir les lieux et les gens que nous connaissions déjà. Nous avons préfèré en découvrir d'autres. C'est donc a Ouagadougou (la capitale) que nous avons passé quelques jours. Nous avons ainsi pu régler nos petites affaires de visas (Mali et Mauritanie) et d'argent, lézarder au bord d'une piscine, rencontrer d'autres baroudeurs (notamment un couple français descendu en 4L le long du trajet que nous allons suivre pour rentrer ou encore une Hollandaise qui venait de s'acheter un VTT pour aller au Ghana).

Entre potes :

Nous nous sommes aussi replongés dans l'ambiance étudiante grâce à Germain, un jeune espérantiste qui nous a hébergé sur une natte dans le 2 pièces qu'il partage avec un ami. Il nous a même emmenés dîner un soir au RU (Restaurant Universitaire) : ticket a 100FCFA (soit 1F) pour une grosse assiette de riz a la sauce arachide et un sachet de jus de gingembre... Nous avons bien discuté avec ses amis étudiants en lettres, journalisme et autres. D'ailleurs, le sujet de conversation principal etait la politique puisqu'ils etaient eux aussi en pleine campagne pour les élections législatives. On s'interrogeait sur les risques de meeting sur le campus même, sur la valeur de tel ou tel candidat ou parti, sur le décalage entre la réalité des populations des villages (très traditionnelles) et les discours politiques...
Germain nous a appris beaucoup sur son peuple, son pays, les difficultés liées à l'évolution des mœurs, à l'aide occidentale, au poids des traditions... Il nous a fait découvrir Sankara, ex-président burkinabé (Assassiné en 1987), fascinant. En bref, nous avons passé un séjour instructif en sa compagnie. Quant aux burkinabé, nous les avons trouvés cette fois encore charmants et bons vivants. D'ailleurs, Germain nous a expliqué que "Burkina" signifie "intègre" en more, "Faso" signifie "patrie" en bambara et "Burkinabé" (nom des habitants du Burkina Faso) signifie "homme intègre" en langue peule ; le more, le bambara et le peul étant les langues des 3 principaux groupes ethniques du pays. Ce choix de noms pour le pays et son peuple (fait par Sankara en 1984) avait pour but de valoriser chacun et de créer une unité nationale. Petite anecdote : a l'époque de ce changement de noms (avant, on parlait de la Haute Volta), les anciens au village se demandaient bien où se trouvait ce "Burkina Faso" dont on parlait tant à la radio... Pour entrer au Mali, nous avons choisi de passer par Ouahigouya et nous avons donc traversé 180km ou les petits villages en terre et les campements en paille des Peuls alternaient avec de grandes zones de sable inhabitées et piquées d'arbustes desséchés. Un simple poste de police en guise de frontière, quelques chameaux...


MALI : 21 avril - 3 mai



Le Pays Dogon :

Nous sommes donc arrivés directement dans la région qu'on appelle le Pays Dogon et qui se situe le long de la falaise de Bandiagara. Celle-ci s'étend sur plus de 100km et son attrait provient à la fois de sa beauté naturelle et de ses villages pittoresques. Nous y avons donc passé une semaine, marchant une dizaine de kilomètres chaque jour pour découvrir les villages entre Kani Kombole (au sud) et Sangha (principal village). Nous avons adoré les petites mosquées en terre hérissées de pieux en bois, les maisonnettes au toit plat, les greniers à mil omniprésents, les scènes de femmes pilant le mil dans de gros mortiers ou puisant de l'eau au petit matin, les jeunes filles dansant en cercle chaque soir au clair de lune... Les habitations troglodytiques abandonnées par les Thélèmes lors de l'invasion par les Dogons et qui restent toujours accrochées à flanc de falaise nous ont donné l'impression de veiller silencieusement sur les villages de leurs envahisseurs. Nous avons été étonnés de trouver un caractère particulier à chaque hameau : les uns niches au pied de la falaise alors que d'autres s'étagent sur la pente rocheuse ou sont posés sur le plateau venté ; ici, on construit les cases en banco (terre), là, on utilise la pierre ; les togunas ("cases à palabres" c'est-à-dire lieux ou les anciens se réunissent pour discuter des affaires du village), toujours trappues et couvertes d'une épaisse couche de paille de mil, sont soutenues par des piliers chaque fois différente (bois sculpté, pile de pierres, gros bloc de roche...) ; on atteint celui-ci après une longue marche dans le sable mou de la plaine tandis que celui-là apparaît à l'extrémité d'un sentier escarpé qui se faufile dans une faille de la falaise... Magiques et fascinants enfin les autels utilisés pour les sacrifices dans la tradition animiste encore vivante malgré la présence de plus en plus réelle des religions musulmanes et chrétiennes...

Ambiance dogonaise :

Nous avons, en plus, eu la chance d'assister à un jour de marche (ambiance Assurée et bière de mil toute fraîche !) et même à des danses d'hommes masques à l'occasion de funérailles (fête organisée en hommage a une personnalité du village décédée 1 an plus tôt). C'était aussi la période de campagne présidentielle : 24 candidats (encore pire qu'en France!) et des procèdès surprenants pour rallier les électeurs (nous avons vu des hommes scander le nom d'un candidat en défilant, tambour battant, derrière une de ses affiches et en jetant des bonbons à la foule ; quelqu'un nous a aussi expliqué que pour les vieux, on donnait plutôt des noix de cola ou de la bière de mil...).

Petite anecdote :

A cause de cet évènement politique, les écoles maliennes étaient fermées depuis 1 mois ! Quant aux élections françaises, nous avons ressenti une terrible honte en apprenant les résultats du 1er tour sur les ondes de RFI. Du Bénin, nous avions fait des procurations pour que nos parents votent pour nous et nous avons malheureusement participé à cette débâcle. Le plus étonnant, c'est que les Maliens, eux, ne prenaient pas ça aussi mal que nous : plus pragmatiques peut-être, ils nous disaient que de toutes façons, on savait que Chirac serait de nouveau président... Fin de la parenthèse.

Notre expérience :

Côté pratique, nous avons du adapter notre rythme à la chaleur accablante de cette saison : marcher tôt le matin et en fin d'après-midi, boire beaucoup (jusqu'a 5 litres chacun par jour), dormir sur les toits en terrasse pour profiter du moindre courant d'air (même si nous nous sommes parfois réveillés couverts d'une fine pellicule de sable...) et se passer de la crème solaire régulièrement. Avec toutes ces précautions, pas de problème. Cependant nous avons été un peu déçus par notre guide (pas très compétent, une fois de plus) et surtout par le quasi - harcèlement de la part des enfants et autres qui réclamaient sans cesse des "cadeaux" (à plus forte raison quand nous voulions prendre une photo). Nous savons bien que la faute revient à ces touristes stupides qui se déculpabilisent d'être plus riches en donnant sans compter (et surtout sans réfléchir). Mais quel dommage que l'hospitalité Dogon ait ainsi disparu... Pour quitter le Pays Dogon, nous avons une fois de plus été très chanceux puisque nous avons rencontré 3 jeunes Américains (presque les seuls Nassaras - c'est-à-dire Blancs - de la semaine !) qui avaient loué une jeep et ont accepté de la partager avec nous. (Sinon, nous aurions peut-être du attendre 2 jours que ce soit le marché à Sangha et qu'un commerçant nous ramène en fin de journée...).Du coup, nous étions dans les temps pour aller voir le marché du lundi à Djenné.

Marché enchanteur:

Vous allez penser que nous sommes des obsédés des marchés et... vous aurez sans doute raison. Contrairement à un Suisse qui, à la fin de son tour du monde de 2 ans, nous confiait qu'il en avait trop vus, nous ne sommes toujours pas lassés de ces lieux de vie intense. Et celui de Djenné fait vraiment partie des meilleurs ! Imaginez des camions de mangues, d'immenses paniers de poisson séché, des centaines de petits étales agglutinés et proposant de tout (du piment au seau plastique en passant par les pagnes colorés ou les louches en calebasse...) et surtout une foule d'hommes, femmes et enfants déambulant ou débarquant de charrettes à cheval bondées... C'est quand même plus Passionnant que nos supermarchés, non ? Surtout que tout cela se passe au pied d'une grande mosquée de style soudanais et qu'un vent chaud soulève des nuages de poussière qui donne à l'atmosphère une touche irréelle...

Direction Bamako :

Pour rejoindre notre dernière étape malienne, nous avons profité d'un bus direct (en raison du marché) et la chance nous a encore souri car, alors que les autres passagers étaient un peu coincés sur leurs sièges, nous avons pu dormir presque confortablement pendant les 15 heures de trajet : en fait, nos fauteuils étaient cassés et se sont inclinés au fur et à mesure si bien que pour finir, nous étions presque allongés. Par contre, la poussière ne nous a pas épargnés plus que les autres et nous sommes arrivés à Bamako aussi rouges que des Indiens d'Amérique !



Pendant ces presque 2 ans de voyage, Internet et surtout le système de courrier électronique (email) nous ont beaucoup servi. Nous avons avant pu maintenir des échanges réguliers avec nos familles et amis plus efficacement que par courrier postal et à moindre coût que si nous n'avions utilisé que le téléphone. Quelle joie par exemple d'avoir pu suivre les grossesses de Patricia (la sœur de David), de Céline (copine de Rachel) et apprendre les naissances de plusieurs bébés dans notre entourage ! Quel plaisir d'avoir reçu des messages de "Bon Anniversaire" de ceux que nous aimons et qui étaient loin... Nous avons aussi pu correspondre avec quelques écoles et répondre aux questions des enfants dans des délais assez brefs pour maintenir leur Intérêt. Ce système nous a en outre permis de contacter les espérantistes et personnes susceptibles de nous accueillir dans les pays ou nous allions passer ou encore d'organiser des retrouvailles avec des amis voyageurs (comme en Inde ou au Mexique) et avec nos parents qui sont venus nous rejoindre à 3 reprises. Au Brésil et au Vietnam, nous avons même rencontré des jeunes Français qui voyageaient comme nous et nous avaient contactés après avoir vu notre site. Enfin, c'est par Internet que nous avons acheté notre billet Paris-Le cap (Afrique du sud) alors que nous étions encore a Sao Paulo (Brésil) où que les démarches de Rachel pour réintégrer l'Education Nationale ont été Facilitées. A l'heure actuelle, on peut effectivement utiliser ce système de communication partout dans le monde même si, bien sur, on peut aussi s'en passer. A chacun son choix. Mais il faut reconnaître qu'il y a quelque chose de magique à ouvrir sa boite électronique dans un cybercafé malien et d'y découvrir des messages des 4 coins du globe. Hier, c'étaient Hazel d'Australie, Melo du Brésil, Ceylan de Turquie, Adje du Togo, Ahmed d'Egypte, Jawaid du Pakistan et le petit Coco (le frère de Rachel) du Bignon...



Après 22 mois (écrit par David)

La Mauritanie est le 34ième pays que nous traversons et restent encore le Maroc et l'Espagne. Nous ne pouvons pas nous targuer d'avoir découvert tous ces pays. Certains n'ont été pour nous que des lieux de transit que nous avons traversés par la terre par soucis d'économie. Nous avons donc parfois fait la course (Hanoi-Hochiminh, 2000km en 47h de bus non-stop par exemple) pour mieux prendre notre temps ailleurs (comme récemment ou nous avons pris 7 jours pour marcher 70km au Pays Dogon).
Nous aurons eu en fait un bel aperçu de notre monde actuel et ne regrettons en rien notre voyage. Ce n'était nullement une fuite car nous aimons notre pays (quoique, depuis les élections...). Nous reviendrons la tête pleine de souvenirs et avec un magnifique carnet d'adresses. Nous avons été merveilleusement accueillis sur les 5 continents et ce qui nous attriste c'est de savoir que nous ne pourrons pas rendre la pareille a nos amis. Bien sur nous accueillerons avec plaisir ceux qui le désirent et ont les moyens de venir jusqu'à nous mais la plupart des gens qui nous ont invités ne pourrons probablement jamais réunir les conditions nécessaires pour atteindre la France (visas, coût de transport...). Alors, si pendant une discussion en France, vous avez l'impression que nous sommes dans la lune, vous vous tromperez : nous serons dans un des pays que nous avons visités...