AUSTRALIE

7 MAI au 13 JUILLET 2001

Territoire du Nord.

Premiers pas en Australie
Nous avons atterri sur l’aéroport de Darwin juste avant le lever du jour mais les douaniers, eux, étaient bien réveillés : fouille des sacs et chien « renifleur » tournant autour de nous pour s’assurer que nous n’apportions aucun produit frais (fruit, légume, viande...) qui pouvait transmettre une maladie ou des insectes parasites aux cultures de cette gigantesque île. Nous avons même eu droit à un nettoyage gratuit (et obligatoire) de nos chaussures de marche qui étaient couvertes de terre suspecte ! Trois jours dans la petite et paisible ville de Darwin nous ont suffi pour trouver une voiture (Fifi, pour les intimes) et nous voilà partis sur les routes du pays des Kangourous.



D’abord le parc national de Kakadu où nous avons pris notre 1er contact avec la vie sauvage d’Australie.

A plusieurs reprises, David a dû arrêter la voiture car devant nous, au milieu de la route !... « Regarde ! un serpent !... Et là ! Un varan qui nous observe ! » Nous étions tout excités, comme des enfants devant un nouveau jouet.
Mais vous avouerez que c’est assez extraordinaire de prendre son petit-déjeuner en compagnie d’un wallaby, non ?



Et puis il y avait tous ces oiseaux ! Cormorans, oies, martins-pêcheurs, grues, cacatoès,  jabirus... Les seuls animaux dont nous nous serions bien passés étaient les moustiques qui nous attaquaient par milliers dès la tombée de la nuit.
Il fallait donc commencer à faire le feu pour le dîner à 17h et être prêts à se mettre à l’abri dans Fifi aménagée en chambre à coucher (avec moustiquaire incorporée...) dès 18h ! Ensuite il suffisait de se laisser bercer par le doux murmure des bourdonnements...
Nous sommes aussi tombés sous le charme du paysage :
une sorte de savane dont les eucalyptus - troncs blancs et feuillage vert vif - entourés de hautes herbes dorées contrastent avec le bleu lumineux du ciel et des gros blocs de rocher rouge. Désolés... c’est un peu difficile à décrire.
Nous avons donc passé une semaine très agréable à nous promener, visiter des sites où les Aborigènes (qui vivent en Australie depuis 50000 ans... et même plus d’après eux !) ont peint sur la roche et essayer d’en savoir plus sur ce peuple et sa culture fascinante.
Nous avons par exemple appris que chaque Aborigène reçoit à sa naissance un des 8 noms de peau qui existent pour chaque sexe. Ce nom dépend de celui de la mère et relie l’enfant aux autres Aborigènes qui, selon leur propre nom de peau, seront considérés comme oncle, frère, grand-mère... Ainsi, on peut être frère et sœur sans avoir de lien de parenté !
A partir de là, il existe tout un système de devoirs (comme de s’occuper de « ses pères » pour un garçon) et d’interdictions (ex : un garçon ne doit pas s’adresser directement à « ses belles-mères). Intéressant, n’est-ce pas ?

Le premier peuple d’Australie, les aborigènes



Après Kakadu, nous avons passé le week-end à Barunga, un village aborigène où avait lieu un festival sportif et culturel.
Malheureusement, le basket, le football et le softball (sorte de base-ball) étaient bien au rendez - vous ainsi que la bière mais côté didgeridoo et danses traditionnelles, c’était un désastre : il faut croire que la culture se perd ou change...

Quant aux relations avec les Aborigènes, nous n’avons pas vraiment réussi à en créer. Peut - être qu’ils en ont un peu marre des touristes.

Et puis leurs rapports avec les Australiens blancs ne sont déjà pas faciles, alors... Nous aurons quand même constaté que les jeunes ont à peu près les mêmes goûts qu’en France : casquette, jogging et basket de marque ; rap et jeux vidéos. 

Une semaine dans une Cattle Station

Ayant adhéré à WWOOF (on en parle un peu plus loin), nous avons trouvés une ferme à bétail sur notre route. Un peu avant Tennant Creek, nous nous sommes donc arrêtés à Muckaty Station, une ferme de 2442 km2 (c’est-à-dire plus grande que le Bignon ou St Herblon), où paissent 1000 bovidés, quelques chevaux et une poignée de chèvres.
Nous avons été accueillis par Ray et Maree, qui se sont tellement mis en 4 pour nous que nous nous sommes sentis plus hôtes que travailleurs.
D’ailleurs Ray ne semblait  attendre de nous qu’un peu de compagnie pendant que Maree était partie travailler en ville (ir à 120 km). Nous avons ainsi parcouru avec lui des centaines de kilomètres à travers son domaine, le principal travail étant en fait de s’assurer que les points d’eau ne sont pas à sec et que pompes et éoliennes fonctionnent bien.
Lors de ces « balades », nous aurons rencontré plein de kangourous, quelques émeus et d’autres oiseaux.
Un jour, nous sommes montés dans le gros 4x4, avec pour but de reconnaître un futur chemin. Tel un enfant, Ray a donc essayé de rouler droit devant lui, écrasant les arbres et escaladant les rochers...
pas croyable ce que peut faire endurer à un 4x4 !
Notre seul travail aura été de nettoyer un peu la maison (jamais vu autant d’araignées !), de nourrir deux veaux et quelques poules, de ramasser les œufs (spécialité de David depuis son enfance), de soigner un cheval et de rentrer moutons et chèvres au coucher du soleil. Pas grand chose en bref.
Ray nous aura fait découvrir la vie du Bush, vie assez isolée où il ne faut souvent compter que sur soi, vie où la bière, le barbecue et le rugby (à la télé) sont très présents.
Nous nous serons régalés devant de grosses pièces de bœuf maison.   Un petit bémol, tout de même :   l’affreux anglais de Ray, entrecoupé de « bloody ! », que malheureusement nous n’aurons pas bien décrypté. Mais ça aussi, ça fait partie du Bush.
La terre que Ray exploite ne lui appartient pas : il la loue à des aborigènes qui semblent attendre leur argent sans rien faire et demandent souvent de la viande ou autre en « cadeau ». La cohabitation n’est pas toujours facile apparemment.
L’anecdote de ce séjour : Alors que nous traversons un champ, nous repérons un veau esseulé et un peu malade. Sur ce, Ray me (David) dépose pour l’attraper. Pas si facile mais après quelques sprints, c’est chose faite et le veau est installé à l’arrière du 4x4. Nous le ramenons dans un enclos et Ray décide de la baptiser « David ». Merci Ray !...

Queensland 

Après notre pause « Australie rurale », il était temps de reprendre notre vie de nomades en direction de la côte est.
1600 km en ligne presque droite en traversant à peine dix villes (ou villages le plus souvent) !
Au bout du chemin, l’océan Pacifique et la Grande Barrière de corail nous attendaient.
Malheureusement, David se remettait tout juste d’un gros coup de froid (40° de fièvre et tout et tout...). Il a donc dû se contenter de la visite de l’aquarium - excellent heureusement ! -  de Townsville pendant que je (Rachel, donc) suivais un cours accéléré pour préparer le niveau élémentaire de plongée sous-marine que j’ai obtenu et utilisé aussitôt pour aller découvrir le récif de corail : merveilleux... La sensation de détente et de liberté ajoutée aux poissons extraordinaires et aux coraux multiformes et multicolores..., je vous conseille d’essayer !
Par contre, entre les séances pratiques en piscine ou au bord de la plage et les théoriques devant une vidéo en anglais, ce stage de 3 jours m’a vidée et je dois avouer que je n’ai pas été à la hauteur pour fêter les 28 ans de David le 24 juin... Heureusement, il y avait la carte téléphonique « Say G’day » (« Dites bonjour ») : un petit appel chez Papa et Maman Cholet, voilà un bon cadeau d’anniversaire !
Continuant notre « descente » vers Sydney, nous nous sommes arrêtés quelques jours chez des espérantistes.
D’abord  à  0akey où Hazel (que nous avions rencontrée au congrès de Tel Aviv, au début de notre voyage !) et son mari nous ont emmenés visiter un village - musée qui présentait la vie des premiers Blancs venus explorer l’Australie vers la fin du XIX siècle : ces Anglais, Irlandais et autres Européens ont suivi les traces du Capitaine Cook pour exploiter les mines, chercher l’or, élever du bétail sur cette nouvelle terre anglaise. D’ailleurs, aujourd’hui encore la Reine d’Angleterre est aussi celle des Australiens.
Hazel nous a aussi embauchés pour aller chanter avec elle dans une maison de retraite où elle est volontaire (ça se fait beaucoup quand on arrive à l’âge de la retraite d’aider bénévolement dans des associations sociales ou encore au bureau de renseignement pour les touristes...). En voyant toutes ces têtes blanches, nous avons eu une pensée émue pour nos grands-parents...
notre 2ème étape espérantiste a été plus courte mais tout aussi intense :
2 jours à Brisbane chez Kay qui nous a emmenés rendre visite aux koalas du coin (David a craqué devant ces petites boules de poil !)


et fait découvrir le charme de sa ville :  beaucoup d’espaces verts, les rives tranquilles du fleuve, des quartiers aux maisons en bois entourées de jolis jardins... D’ailleurs, les Australiens la considèrent comme une « ville campagnarde » (par opposition à des villes comme Sydney ou Melbourne) et ses habitants sont censés être paisibles et insouciants.

Nouvelle Galle du sud :

Pour couper un peu les 1000 km séparant Brisbane de Sydney, nous avons d’abord fait une mini - étape à Byron bay où se trouve le point le plus à l’est d’Australie. « Et alors ? », nous direz vous.
Eh bien... c’est d’ici qu’on a le plus de chances de pouvoir apercevoir des baleines sur leur trajet vers les mers chaudes.
Et effectivement, nous avons eu cette chance (en restant à peine 20 minutes sur place...). Une baleine s’est amusé à faire des sauts périlleux sous nos yeux ébahis ( calés derrière nos petites jumelles) et nous avons pu voir son ventre blanc et sa tête tachetée.
Extra ! En plus, il faut avouer que les plages du coin sont magnifiques : grandes bandes de sable blanc bordées de forêt et vagues juste comme il faut pour surfer...
Nous nous sommes ensuite arrêtés chez un couple d’enseignants d’une école Steiner (du nom d’un Autrichien qui a proposé un modèle d’éducation particulier) dont l’adresse était sur notre livret W.woof.
Nous avons ainsi découvert quelques principes de ce système éducatif où l’art et le travail manuel ont une grande place .
Enfin, après un jour et demi de route depuis Brisbane, nous avons débarqué à Sydney et avons commencé par nous perdre dans les tunnels et les routes périphériques . Ah ... la ville !



Installation dans la chambre mise à notre disposition dans le centre d’Espéranto, vente de Fifi... et nous voilà de nouveau routards. C’est donc en bus et à pieds que nous avons découvert l’opéra, les vieux quartiers, les plages et autres curiosités de la ville sous un ciel trop souvent gris.
Nous avions perdu l’habitude du froid et pour affronter l’hiver Australien (alors qu’en France, on nous parlait de canicule !), nous avons dû retrouver nos collants Damart cachés au fond des sacs.
Pour finir notre séjour en beauté, nous avons accepté l’invitation de Go et Alan, espérantistes qui habitent à la lisière des Blue Mountains (genre de canyon rempli de forêt tropicale).



Ils venaient d’avoir une petite fille (Karina est née le soir de notre arrivée à Sydney !) et nous avons partagé quelques jours avec eux et découvert les paysages impressionnants de leur région malgré le brouillard londonien quasi - permanent.
Puis, retour à Sydney et fin de l’épisode Australie.


ACHAT D’UNE VOITURE


Il n’y a rien de plus simple. Dans chaque grande ville, il y a un lieu où l’on peut trouver des voitures que les voyageurs revendent après quelques semaines ou mois d’utilisation. Elles ont généralement fait des milliers de kilomètres et appartenu à de nombreux voyageurs.
En moins de 24 heures, donc, nous aurons trouvé voiture à nos pieds :
pour moins de 5000 frs, une Ford Falcon (non, ce n’est pas notre sponsor) break de près de 20 ans et avec 325000 km au compteur rien d’extraordinaire, nous avons vu une voiture avec 780000 km !.
Autre bonne surprise : avec la plupart des voitures, tout le matériel de camping était fourni. Fifi (surnom donné par Michel et Aurélie, les deux ex - propriétaires toulousains : « Achetez français ! ») possédait même un matelas !
Pas besoin de tente donc, puisque nous pouvions dormir dans la voiture, des rideaux nous cachant des regards indiscrets.
Pour acquérir notre Ford, il nous a suffi de passer à un bureau de « Registration » pour officialiser le changement de propriétaire.
Là, nous avons découvert une administration avec un sourire grand comme ça.
Ainsi, pendant cinq semaines, nous avons parcouru 7000 km sans aucun problème. La conduite à gauche était assez problématique au début et au lieu de mettre le clignotant, je (David) mettais très souvent les essuies- glace. Mais après quelques temps, nous nous y sommes habitués.
Sur la route, nous aurons croisé des Road-trains, énormes camions tirant 3 ou 4 remorques et qui mesurent jusqu’à 50 m de long. Les routes étant très droites et peu encombrées, nous en aurons même doublé quelques-uns.
Nous aurons vu aussi de nombreux kangourous sur le bord des routes mais, malheureusement, le plus souvent morts, écrasés. Il est d’ailleurs déconseillé de rouler de nuit car le kangourou ébloui ne voit plus que d’un côté et est effrayé par sa propre ombre, si bien qu’il saute croyant être poursuivi par un prédateur et vient se mettre sous les roues des voitures.
Enfin, nous aurons rencontré de nombreux camping-car ou jeep-caravane conduits par des Australiens du Sud et de la côte Est, cheveux gris, fuyant l’hiver pour quelque mois.
C’est finalement à Sydney que nous avons vendu notre fidèle Fifi (avec un petit pincement au cœur, c’est vrai...). Pour cela nous sommes arrivés dans cette ville une semaine avant de prendre notre avion. Juste un contrôle technique avec avis favorable et nous nous sommes installés dans LE lieu de vente connu des baroudeurs : second niveau d’un parking souterrain, assez glauque et glacial mais sympa quand même, du fait que nous nous retrouvions entre voyageurs. Van, combi, 4X4, Ford et autres attendant un hypothétique acheteur.
Notre modèle étant très recherché, nous espérions ne pas rester trop longtemps dans ce lieu et effectivement, arrivés à 11 heures, à 16 heures nous avions déjà trouvé acheteur : un jeune couple irlandais (désolés, il n’y avait pas de Français !). Nous aurons même revendu Fifi avec un petit bénéfice, histoire de compenser les frais d’assurance, vidange et contrôle technique. Impecc’ !

School of the air


Pour ceux qui ne comprennent pas l’anglais, cela signifie « école de l’air ».
En fait, c’est un système d’enseignement à distance (primaire et collège) utilisé par les familles habitant dans des fermes isolées.
Celle de Mount Isa (à mi chemin entre Tennant Greek et la côte Est),que nous avons visitée au passage, touche par exemple 150 familles (soient 220 élèves) et existe depuis 1960.
Les élèves travaillent à partir de livrets qui leurs sont envoyés chaque trimestre avec des cassettes audios et vidéos et chaque jour, ils participent à une leçon de 30 minutes avec un enseignant et une dizaine d’autres élèves branchés sur leur poste - radio.
Ainsi, ils font partie d’une « classe » et ils rencontrent leurs camarades et enseignant trois fois par an (camp de début d’année, journées sportives et barbecue de Noël).
Quand ils ont besoin d’aide pour leur travail, ils peuvent demander à leur tuteur (souvent leur mère) ou utiliser leur radio pour contacter un des enseignants-aide (installés dans un des studios de l’école).
Qu’en pensez-vous ? Pour nous, en tout cas, c’était la première fois que nous visitions une école sans enfant et avec des enseignants parlant dans un micro et écoutant leurs élèves avec un casque !...

Côté sport


Australie rime avec sport et surtout avec football ! Il suffit d’allumer la télé ou la radio (notamment le week-end) pour s’en apercevoir.
Mais ici, football peut signifier : rugby league, rugby union, australian rule ou soccer. Le soccer, c’est le football de Zidane tandis que le rugby union correspond au rugby de Bézier. L’australian rules, lui, n’existe qu’en Australie (d’où son nom !) , se joue avec les mains et les pieds et il y a quatre poteaux de chaque côté du terrain ovale. C’est un peu fou et violent car aucun joueur ne peut être exclu pendant le match...
Enfin, le rugby league est une variante du rugby union mais nous n’en savons pas plus.
Il existe aussi un basket principalement féminin où le panier est un simple arceau sans planche : c’est le net-ball. Pourquoi faire simple ?...
En visitant Brisbane, nous avons été stupéfait de rencontrer autant de coureurs, marcheurs, cyclistes et autres skateurs sortant tout juste de leur travail. Le sport ici est vraiment un mode de vie !
C’est aussi dans cette ville que nous avons assisté à quelques 400m courus par des athlètes de plus de 50 ans (et même plus de 85 ans !) dans le cadre des jeux mondiaux d’athlétisme... pour vétérans.
Il y avait même un homme de 102 ans inscrit au 1500m !

WWOOF


Ce sigle signifie plus ou moins « Travail volontaire dans des fermes organiques».
Nous avons adhéré à cette association en arrivant en Australie afin de découvrir d’un peu plus près la vie locale.
En effet, contre une cotisation raisonnable, on nous a remis un livret comprenant 1300 adresses sur toute l’île, où nous pouvions bénéficier du gîte et du couvert en échange de quelques heures quotidiennes de travail.
Ces adresses sont pour la plupart celles de fermes organiques et d’adeptes d’un mode de vie « alternatif » (permaculture...) mais on peut aussi tomber sur des Australiens plus « pittoresques » comme Ray...
La durée du séjour est très variable et dépend beaucoup des relations qui se créent entre «travailleurs» et «employeurs» : ainsi, le dernier wwoofer de Muchaty station a prolongé son séjour (d’une semaine en principe) de dix semaines !
Pour nous, ce réseau aura permis de compléter de manière très intéressante celui de l’espéranto et notre anglais aura pu progresser lui aussi.
Nous avons d’ailleurs constaté que beaucoup d’autres jeunes voyageurs apprécient ce système car à plusieurs reprises, on n’a pas pu nous accueillir faute de place disponible.
Pourtant les Français sont plutôt appréciés parce qu’ils sont rares ici.
WWOOF est une création australienne mais existe aussi ailleurs dans le monde et il y a même quelques adresses en France. Si ça vous intéresse, voilà l’adresse du site... en anglais malheureusement :
http://www.WWOOF.com.au