Carnet de Route n°1
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ISRAEL / JORDANIE - 20 juillet au 15 août

ISRAEL ( 20 juillet – 6 août) :
Tel Aviv, 2 h du matin. L’air chaud et moite nous a immédiatement enveloppés et nous nous sommes bientôt trouvés en face d’une jeune fille en cours de service militaire qui nous regardait à peine : « Touristes ?
- Oui. » Un coup de tampon sur le passeport et l’affaire était classée. On s’attendait à une arrivée plus musclée : nous n’aurons même pas eu droit à l’interrogatoire et à la fouille dont on nous avait tant parlé !

Après avoir passé le reste de la nuit à somnoler sur les bancs en bois de l’aéroport, nous avons pris place dans un bus pour Jérusalem, entourés par des jeunes Israëliens en tenue militaire et leur arme en bandouillère et des jeunes routards dans notre genre que nous avons retrouvés dans les dortoirs des hôtels de la vieille ville de Jérusalem.

Ah ! … Jérusalem… Nous sommes vraiment tombés sous le charme de la partie la plus ancienne de cette ville dont les remparts percés de grandes arches vous invitent à entrer. Pendant 5 jours, nous nous sommes laissés séduire par ce labyrinthe de ruelles dont les pierres blanches nous entraînaient du quartier musulman au souk plein de couleurs, d’odeurs et de mouvement, vers les quartiers arménien et juif au calme reposant, ou encore le long des églises du quartier chrétien.

En fait, nous n’avons jamais vu de démarcation officielle entre les quartiers mais les différences d’ambiance étaient aussi nettes que celles des chapeaux : le keffieh et le voile laissant place à la Kippa et au chapeau noir, toujours accompagnés de nombreux bobs et casquettes de touristes du monde entier. D’ailleurs, même si nous n’avons pas de religion, nous aimons, nous aussi, visiter des lieux religieux dans chaque pays où nous passons : la basilique St Pierre de Rome (Italie) et sa copie africaine de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) par exemple. Nous avons donc fait comme tous les touristes c’est-à-dire visité l’église de St Sépulcre, le mur des lamentations, le dôme du rocher, des synagogues sépharades, la citadelle de David… La concentration de lieux saints ou historiques sur cet espace d’1 km² seulement est impressionnante ! On comprend très vite pourquoi les Israëliens et les Palestiniens ne parviennent pas à se mettre d’accord pour savoir à qui cette ville appartient !



Pour en finir avec Jérusalem ( même s’il nous reste bien des choses à vous raconter à son sujet), nous devons quand même vous parler du quartier Méa Shéarim (dans la ville nouvelle) où vivent des juifs très pratiquant. Les hommes y sont habillés tout en noir (chapeau compris), ils portent parfois des toques en vison (comme les russes) et ils ont tous des papillotes (des mèches de cheveux qui pendent le long des joues).

En effet, la plupart des habitants de ce quartier sont venus de l’Europe de l’Est (Pologne, Hongrie…) au cours du siècle dernier pour retourner sur leur « terre promise » (celle où commence l’histoire du peuple juif selon la Bible) et ils suivent les principes du judaïsme très sérieusement. En entrant dans Méa Shéarim, nous avons été frappés par de grandes affiches collées sur les murs qui mettaient en garde les femmes qui n’auraient pas les bras et les jambes couverts ainsi que les touristes en groupe. Pas très accueillant mais nous avons quand même tenté une petite balade dans les rues presque désertes mais nous avons vérifié ce que disaient les affiches.



En effet, Rachel s’est faite insulter parce qu’elle avait osé sourire à un homme pour lui dire bonjour puis nous avons vu un homme lancer deux sachets remplis d’eau, depuis son balcon, sur un petit groupe de touristes pourtant bien sages !

Malgré ces incidents, nous sommes retournés dans ce même quartier pendant le shabat, accompagnés par un Français qui travaille à Jérusalem et qui nous avait dit que c’était très particulier. En effet, on se serait cru en Europe au 19ème siècle : les femmes et les fillettes se promenaient en robes vieillottes dans les rues où aucune voiture ne circulait et les hommes étaient regroupés dans les synagogues.

Pour la petite histoire, il faut savoir que pendant les 24 h du Shabat (Week End israëlien du vendredi soir au samedi soir), les juifs de Méa Shéarim ne peuvent utiliser aucun appareil électrique sauf s’ils l’allument juste avant le début et l’éteignent juste après la fin. Bonjour les économies d’énergie !
Enfin, comme toutes les bonnes choses ont une fin, nous avons quitté les pavés de Jerusalem pour le béton de Tel Aviv en faisant un petit détour par Ein Guédi, c’est-à-dire la mer morte. Vous savez bien, cette mer tellement salée qu’on peut presque faire la sieste sur l’eau !
C’est vraiment une sensation sympa même si on doit faire très attention de ne pas se mettre de l’eau dans les yeux. (David l’a testé pour vous).
 

Congrès d'espéranto à Tel Aviv


Nous avons donc retrouvé la chaleur humide de Tel Aviv où le 85éme congrès universel d’Espéranto a occupé la majeure partie de notre temps. Ces congrès ont lieu tous les ans dans un pays différent (Allemagne en 99, France 98) et il permet à des gens du monde entier de se retrouver et de participer à des confèrences, des réunions ou des activités (chant, cours d’hébreu et d’arabe cette année) en utilisant l’espéranto pour se comprendre. Nous étions donc entourés par 1200 personnes provenant d'une cinquantaine de pays (France, Corée, Roumanie, Brésil, Etat Unis, Australie…). Autant de pays où nous avons des contacts pour être accueillis !
Bon d’accord, la Roumanie et la Corée ne sont pas sur notre route, mais on ne sait jamais…

Et puis le but de ce congrès était surtout de s’améliorer en espéranto (sur ce point, c’est plutôt réussi, vu les heures passées à discuter de tout et de rien) et de passer une semaine agréable (là aussi, le but est atteint). Nous avons en effet assisté à une conférence très intéressante sur ce que signifie « être juif en Israël », nous avons participé à une demi-journée sur l’école (échange d’expérience sur l’éducation dans différents pays, projet interculturel utilisant internet et l’espéranto…), nous nous sommes initiés à la langue arabe (aïe, aïe, aïe ! Il peut y avoir jusqu'à 4 manières d’écrire une lettre selon sa place dans le mot !) et nous avons aussi assisté à quelques soirées (Théâtre, musique, danse).

Mais le temps fort de cette semaine restera notre prestation publique devant plus de 600 personnes : nous avons en effet chanté une samba brésilienne traduite en Espéranto, entouré par une petite bande de 4 brésiliens adorables avec lesquels nous avons partagé le plus clair de notre temps (nous dormions même dans le même dortoir). Du coup pas mal de gens croyaient que nous aussi, nous étions brésiliens. Il faut dire que David a assuré comme un chef : si vous aviez vu son petit déhanchement au rythme de la guitare…

Frumaten' jam aperas ho kaj la roso falas lanta
Faladu roso de l'maten amatin' estas dormanta
Lasu shin dormi do unu horo ne estas gheno
Do bonvolu lasu shin roso de la frumateno


Seul petit nuage dans le ciel bleu du congrès : il n’y avait pas beaucoup de jeunes. Peut-être qu’ils réservaient leurs économies pour participer au rassemblement jeune qui avait lieu à Hong Kong cette année…

A la fin de cette semaine « Espéranto », nous nous étions pris d’une telle amitié pour nos 4 Brésiliens que nous n’avons pas réussi à les quitter. Nous les avons donc accompagnés dans une communauté végétarienne à Amirim (nord d’Israël) où ils avaient été invités chez une famille bulgaro-ukrainienne espérantiste : Mitko, Irina et leurs trois filles dont la générosité immense compense la petitesse de la maison.

Nous avons cependant du planter la tente à la nuit tombante et la déplanter tôt le matin car les voisins n’appréciaient que moyennement et la nuit a été infernale : entre les aboiements, les miaulement, le vent et la visite nocturne d’un voisin pas commode, nous avons dormi au maximum 2h complètes ! Heureusement, Amir-le chauffeur druze avec lequel nous avions fait le trajet Tel Aviv / Amirim et la visite du lac de Tibériade et de Sefad (village d’artistes) - nous a pris en pitié et nous a invités à passer la nuit chez lui.

 En fait, il possède un  hôtel en construction dont seul le 1er étage est terminé et nous sommes ainsi restés dans notre hôtel particulier pendant 3 nuits. Le luxe ! Surtout qu’Amir et ses amis ne semblent pas souffrir du manque d'argent et nous ont reçus comme des princes : thé par-ci, fruits et pâtisseries orientales par-là…

Nos estomacs ont travaillé sans relaches … L’accueil arabe est incroyables ! Nous avons aussi profité de ces quelques jours pour nous renseigner sur la culture druze. C’est apparement  une branche de la culture islamique qui suit des principes particuliers comme, par exemple, l’obligation de se marier avec un membre de la communauté druze.

Il nous a semblé qu’elle ne permettait pas une très grande liberté, notament pour les femmes qui sortent peu de chez elles. Pourtant, dans l’ensemble, les habitants de ce village d’Ein Al Asad ont l’air de mener une vie bien agréable.

De leur côté, Mitko et sa famille sont installés en Israël depuis 7 ans mais ils ont du mal à s’intégrer. La vie coûte très cher, le travail est difficile à trouver (Irina, qui était prof de français en Ukraine travaille actuellement dans un petit restaurant et Mitko, malgré son statut de juif, n’a pas d’emploi fixe). Le retour à la terre promise n’est pas si évident et Mitko et Irina envisagent même de retourner vivre en Bulgarie.

Nous ne pouvons pas nous targuer d’avoir tout découvert sur Israël mais nous avons eu la chance de rentrer dans une famille d’immigrants juifs (le sionisme : retour des juifs sur la terre promise) et de cotoyer quelques arabes, voilà tout.

Nous éprouvons tout de même une frustration de n’avoir pu aller dans un camp palestinien. Il est difficile de s’y rendre car les voitures ou bus Israëliens y sont accueillis par des jets de pierre et étant donné l’échec des accords de camp David, on nous déconseillait vivement d’y aller. Nous aurions pourtant aimé  un autre regard sur Israël, un regard venant de l’intérieur d’un camp de réfugiés, d’un camp permanent…

Remarquez, nous avons quand même rencontré quelques Palestiniens sur le sol de Jordanie et nous avons pu sentir qu’ils percevaient les Israëliens comme des envahisseurs. Certains nous ont même dit qu’ils ne reconnaissaient pas Israël en tant que pays et que tout ce territoire était pour eux la Palestine. A quand la paix ? ? ?

Ce que nous retiendrons d’Israël :

L’atmosphère :

Israël est à peine plus grand que la Bretagne mais l’ambiance y est bien plus tendue. Les policiers et les militaires sont présents à chaque coin de rue, arme en bandoulière (comme un sac à main) et portable à la ceinture.

D’ailleurs, ils aiment à se reposer dans le bus, malgré le concert de sonneries de portable auquel on a droit à touts les coups.

Nous avons aussi trouvé que la population israélienne est, dans l’ensemble, assez réservée sauf bien sûr dans le souk où les arabes mettent un peu d’ambiance.

Enfin, au niveau sonore, la première chose que les Israéliens apprennent pour passer le permis de conduire (si réellement ils le passent vue leur conduite...), ce doit être d'actionner le klaxon.
 

Quelques lieux saints :

L’église du Saint Sépulcre : elle contient le tombeau de Jésus et est divisée en 6 zones appartenant à des mouvements religieux différents (les grecs orthodoxes, les catholiques latins, les coptes…). Rachel en retiendra surtout une sensation d’étouffement à cause des groupes de touristes qui s’entassaient.

Le mur des lamentations : c’est le reste du mur d’enceinte du grand temple de Jérusalem où les juifs viennent encore régulièrement se recueillir et prier. Il est séparé en deux parties : une pour les hommes et la deuxième (2 fois plus petite) pour les femmes.

Où croyez-vous que David soit allé ?…David n’a pu s’empêcher de le toucher du bout des doigts tout en regardant autour de lui, si quelqu’un l’observait.

Le dôme du rocher : c’est le 3éme lieu saint de l’Islam (après Médine et La Mecque).Il tient son nom du dôme en or qui lui sert de toit et du rocher qu’il abrite. Les  Faïences où domine le bleu qui recouvrent ses murs sont magnifiques !

L’Eglise de la nativité à Bethléem : Mais où est donc passé l’étable qui avait vu naître Jésus ? A la place nous découvrons une Eglise où l’on rentre par une minuscule porte. Cette porte ayant été rabaissée au VI ième siècle pour que le sarrasins ne puissent entrer à cheval.

Le Jourdain : David y a trempé les pieds à 2 M de l’endroit où Jésus a été baptisé et il en est sorti… les pieds propres !
 

Les langues :

Entre l’hébreu et l’arabe qui sont les langues officielles en Israël, l’anglais qui est la troisième langue affichée sur les panneaux (Ouf !) et l’espéranto, il y a de quoi en perdre son latin !

Surtout que toutes ces langues ont un alphabet différent !

En tout cas , à ce rythme, David sera bientôt trilingue ! ! !
Heureusement qu’il y a le football : dés que les gens apprennent que nous sommes français, ils nous parlent de « champignons du monde » et de Zinedine Zidane.

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