Carnet de Route n°6
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120 heures pour traverser le Pakistan !

Le 23 novembre 2000, à 11h précises, nous quittons l’Iran pour entrer au Pakistan où il est déjà 12h30 ! le décalage horaire nous a volé une heure et demie…Le compte à rebours peut commencer : dans 120 heures, notre visa (de 5 jours…) expire et nous devons quitter le territoire pakistanais…

Du coup, notre séjour ressemble à une course folle de 1879 km à travers le désert, les villes poussiéreuses et polluées et les villages disséminés le long de notre route.



La première étapes (Taftan, à la frontière avec l’Iran – Quetta) nous semble interminable. Il faut reconnaître qu’il y a quand même de quoi : pendant 15h nous sommes coincés à l’avant d’un minibus qui roule à vive allure sur une route plein de trous, à peine assez large pour deux véhicules et parfois même non-goudronnée ! Pour la 1ière fois, nous roulons à gauche. Les voitures se font face et s’écartent au dernier moment. C’est la loi du + gros. Sans oublier que tout au long du parcours, nous devons nous arrêter à une bonne dizaine de poste de contrôle où des militaires jettent un coup d’œil sur le chargement ou vérifient si nos passeports sont en règle…Nous avons quand même le temps et le plaisir d’apercevoir quelques bouilles d’enfants qui nous répètent joyeusement : " Hello ! ".
 

Après une étape de quelques heures dans un hôtel de Quetta, nous repartons en direction de Multan : 19h de train…sans couchette !

Heureusement, les voyageurs viennent discuter avec nous de temps en temps et le spectacle, à l’extérieur comme à l’intérieur, nous distrait agréablement : des vendeurs de thé (déjà sucré et lacté, à la Pakistanaise: pas mauvais), d’œufs durs, de dattes et autres, circulent de wagon en wagon; à chaque gare, des voyageurs (surtout les hommes) se lavent les mains et le visage à une fontaine et avalent rapidement une assiette de ragoût ou de riz, sur le comptoir d’une petite échoppe ; dans les villages, les enfants saluent notre passage avec de grands sourires ; des tentes de nomades ou un troupeau de chameaux apparaissent en plein milieu du désert…Lorsque nous arrivons à Multan, nous sommes exténués et il fait un froid de canard mais heureusement, Jawaid (un espérantiste que nous avons contacté par internet) nous emmène chez lui (en riskshaw : c’est un peu juste avec nos gros sacs mais ça passe !) où nous prenons un thé bien chaud et bavardons un peu avant de nous blottir dans un bon lit. Le bonheur tient parfois à peu de choses…

Nous passerons 2 jours à Multan : visites de mausolés magnifiques et au club d’espéranto (très actif), balade dans le bazar et la veille ville, rencontre avec quelques espérantistes…Seul regret : les traditions (liées à la religion islamique) ne permettent pas à David de rester en présence des femmes et il est souvent obligé de rester dans une pièce à part pendant que je discute avec elles. Pour notre dernière soirée " multanienne ", nous avons même été invités dans un restaurant chic par les membres du Lion’s club de la ville (organisation internationnale qui lutte contre la cécité et réalise parallèlement des actions locales pour répondre aux besoins de la population).



Nous reprenons notre course folle dans la nuit du 26 pour rejoindre lahore (dernière étape avant l’Inde) dans un bus de luxe (on se croirait presque dans un avion !). Nous sommes accueillis par le frère de Jawaid (qui nous a accompagné) et sa petite famille (seulement 2 fils). Quelques heures de repos puis visite d’écoles qui commence : la 1ère est privée, toute petite (environ 80 élèves) et assure les niveaux primaires ; la 2ième est l’équivalent d’un collège en France, public et gigantesque (1700 élèves répartis en classes de 50 à 110 élèves ! ). Il nous reste tout juste le temps d’apercevoir la tour de l’indépendance (qui date de 1947 seulement), la porte principale du fort monghol est une grande mosquée de brique rouge.

Lundi 28 novembre, le Ramadan a commencé dans la nuit et pour nous, il est temps de traverser la ligne blanche qui sépare le Pakistan et l’Inde. Nos amis sont désespérés que nous ayons consacré si peu de temps…(même si dans leur tradition, on dit que : " L’hôte est sympathique, s’il ne reste pas trop longtemps, il commence à sentir mauvais ". A bon entendeur, salut !).

Le Pakistan que nous avons un peu (trop peu) découvert est bien loin de l’image inquiétante qu’on en donne en France et mériterait qu’on s’y attarde bien plus que 120 heures…

Frontière Pakistan – Inde :

Pour la 1ière fois depuis le début de notre voyage, nos sacs sont fouillés. Zut ! nous qui avions tout bien rangé, voilà nos affaires pelle-mèle par terre. Vont-ils nous embêter du fait que c’est le 6ième jour que nous sommes au Pakistan (du 23 au 28 nov)…Non heureusement.

De toute façon, s’il nous avaient embêtés, on aurait répliqué que, vue l’heure de notre entrée sur le territoire, on était qu’à 119 heures, c’est-à-dire à peine 5 jours ! Na !

Nous voilà donc lachés, sac-à-dos mal rangés, au beau milieu de porteurs aux tenues colorées qui s’agitent et courent à la queue-leu-leu. Ils doivent décharger un camion qui veut aller en Inde et porter les caisses une à une jusqu’à la ligne-frontière où des porteurs indiens (changement d’uniforme) prennent le relais. Ça change des frontières grises et ternes qu’on a connu jusqu’à présent ! Nous allons bel et bien entrer dans un nouvel univers…

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