Carnet de Route n°8
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NEPAL

RESERVE DE BARDIA

Après notre séjour en Inde, nous avions une grande envie de nous retrouver un peu à l’écart, de nous retrouver en pleine nature, un peu seuls. C’est vrai qu’en Inde, les moments d’intimité sont assez rares. Nous étions sans cesse observés.

On se plante devant nous et on observe tout en chuchotant. Assez désagréable sensation. Les Indiens aussi entre eux sont assez curieux. Quand un Indien achète le journal. Ce n’est pas un Indien qui le lit mais 6 en même temps, posant parfois leur menton sur l’épaule de l’acheteur.

Venons en à la réserve de Bardia : Il y a deux principales réserves en fait au Népal, celle de Chitwan et celle de Bardia.

La première est très touristique. C’est pourquoi nous avons opté pour la seconde.

Marre de voir des cars de touristes !

Dans la réserve : des tigres, des éléphants, des rhinocéros, des singes, des sangliers, des reptiles et des oiseaux de toutes sortes vivent tranquillement dans 968 km².

Forêts, savanes, prairies sont leur terrain de jeu. Nous aurons passé une journée entière à l’intérieur même de la réserve. Bien sûr nous n’étions pas seuls : 2 guides armés de bâton étaient avec nous (Un ancien et un stagiaire).

Ils nous ont donné quelques conseils à suivre en cas d’attaque : " Si vous êtes chargés par un Rhino, courir en zigzag en lançant à droite à gauche des vêtements (le Rhino ne voit pas très bien) et essayer de monter dans un arbre ". Pour le tigre, " ne jamais se retourner " et pour l’éléphant " pas grand chose à faire ".

Avec ces conseils, nous pouvions affronter les animaux sauvages. Durant cette journée, nous avons beaucoup marché, examinant traces de pas et excréments…

Nous avons pu entendre un bébé Rhino, voir de magnifiques oiseaux et observer des singes dans les arbres. Nous avons fait le guet dans l’espoir de voir une grosse bête mais nous n’aurons pas été récompensés. Il faudra attendre la Tanzanie

Nous ne seront tout de même pas revenu bredouilles de notre excursion. A l’heure du déjeuner, nous nous sommes installés au bord d’une rivière et après quelques minutes nous avons découvert qu’un animal se dorait au soleil à quelques pas de nous : C’était un python long de 2 mètres. Nous sommes restés chacun de notre côté et avons pu manger tranquillement.

Sans même cherché, nous avions trouvé notre animal.

Nous sommes par ailleurs restés presque une semaine près de la réserve. Nous avons pu voir la population qui vivait prés de ce parc.

Simples maisons, faites en terre et dont le toit est en jonc. Le plus souvent, les familles possèdent des buffles, dont ils se servent pour labourer, pour transporter et pour le lait. Les bouses sont très utiles également comme combustible.

A Bardia, nous avons pris le rythme du soleil, coucher tôt et lever tôt. La cause : pas d’électricité.

Retour aux sources en quelque sorte mais douche froide.

Après ces grands espaces verts, nous sommes partis à la conquête des grands espaces montagneux du Népal

KATMANDOU – PATAN

Quand on débarque à Katmandou, le quartier aux hôtels pas chers, le quartier touristique est inévitable. Nous sommes donc allés à Thamel et là avons découvert un autre monde, un monde où l’on peux tout trouver : baguette fraîche, sandwich au jambon, vêtement de toutes marques…

Dans un 1er temps, nous ne nous sommes pas privés. Retrouver de la nourriture française et surtout du pain pour moi est quelque chose de fantastique : mes Madeleines de Proust. Nous avions aussi besoin d’acheter des vêtements chauds, ce qui fut rapidement trouvés.

Thamel, ce n’est pas le Népal, aussi une fois bien contenté, avons-nous fuis. Nous avons alors été à Patan, hébergé par un premier espérantiste et sa famille. Bal Ram directeur d’école sa femme et ses trois enfants nous ont super bien accueilli. Les enfants nous ont fait découvrir Patan et ses différents temples Hindous et Bouddhistes. Nous avons pu assister à des Puja (prière).

Nous sommes retournés tout de même plusieurs fois à Katmandou.

Le 21 février, se déroulait, le Maha Shivaratri, fête Hindou, regroupement de millier de Saddhu et Hindou autour du Bagnati, fleuve sacré.

Le 24 février, c’est le Losar, 1er de l’an Tibetain. Les Stupas retrouvent des couleurs, celles des drapeaux à prières. Hommes et femmes font le tour des Stupas tout en tournant les moulins à prière et formulant des mantras.

Attention, ne pas se tromper de sens, tourner dans le sens des aiguilles d’une montre !

Nous aurons donc eu la chance d’être là au bon moment et ainsi de pouvoir observer quelques rituels religieux.

Patan nous hébergera de nouveau après notre trek. Cette fois, nous irons chez Kabindra, un autre espérantiste, qui habite avec toute sa famille (frères, sœur, beauf, parents, neveux …). Nous resterons chez eux jusqu’à notre départ pour Bangkok et profiterons du fait que Kabindra soit bouddhiste pour lui poser quelques questions sur ce sujet.


Il nous fera d’ailleurs visiter le 2ème lieu bouddhiste de Katmandou (après Bodnath) Swayambhunath.

Une fois de plus, nous aurons pu apprécier de rentrer un peu dans la vie d’un pays grâce à l’accueil des espérantistes que nous avons aussi rencontré lors d’une leur réunion de club du samedi matin.



TOUR DES ANNAPURNA :

(25 FEVRIER- 15 MARS)

David en rêvait depuis qu’il avait lu le récit de Maurice HerzogAnnapurna : premier 8000 " ; je me demandais bien ce qui m’attendait et finalement, nous ne sommes pas près d’oublier ces 19 jours au cœur de l’Himalaya ! Nous avons été totalement séduits par la paix de ces grands espaces qui sont pourtant loin d’être déserts, ce qui permet des rencontres bien sympathiques.

Après 8 h 00 de bus de Katmandou à Besi Sahar et deux petites heures de marche sur le chemin bien boueux qui mène au premier village du circuit, Khudi, nous avons passé notre première nuit de randonneurs à écouter la pluie tambouriner sur notre toit de tôle et les coups de tonnerre résonner dans la vallée…

Mais le lendemain matin, ATTENTION LES YEUX ! De notre lit, nous avons aperçu notre premier sommet enneigé, coincé entre deux grosses montagnes vertes de forêt et un ciel bleu sans l’ombre d’un nuage…

Le rêve commençait…

Nous avons donc marché pendant une dizaine de jours le long de rivières bleu turquoise serpentant entre des rochers biscornus. Le chemin passait le long de gorges profondes, à travers des terrasses cultivées où les villageois labouraient et semaient du maïs, entre les pins dont l’odeur des épines chauffées par le soleil nous enivrait ou encore au beau milieu de zones désertiques et caillouteuses.

Nous croisions régulièrement des porteurs transportant des biscuits, des poulets vivants ou encore des tôles dans des paniers reposant sur leur dos mais soutenu par une sangle qu’ils posaient sur leur front, des caravanes de mulets surchargés eux aussi, des enfants rejoignant leurs écoles parfois situées à 2 h 00 de chez eux et bien sûr, quelques randonneurs mais pas trop (pas encore la saison…). Au fur et à mesure que nous prenions de l’altitude, la neige se faisait de plus en plus présente et les nuits plus fraîches.

Les réserves de bois des maisons en pierre étaient de plus en plus grosses et les ouvertures (fenêtres, portes) plus rares.

Le 7 mars, nous nous sommes lancés à l’assaut du col de Thorung La : finie la rigolade ! Presque 1 000 mètres de dénivelé dans la neige pour atteindre le haut et une descente de 1 800 mètres sous la neige !

9 heures d’efforts continus alors que je m’étais levée avec une nausée (probablement le mal des montagnes) qui ne m’a pas quittée de la journée…Mais nous y serons parvenus ! Nous serons passées 600 mètres au-dessus du plus haut sommet d’Europe, notre cher Mont Blanc !

Epuisés par cet exploit (qui n’en est pas vraiment un étant donné les nombreux randonneurs qui passent ce col chaque jour…), nous nous sommes offerts une petite journée de repos à Muktinath, l’étape religieuse du parcours.



Ce village est en effet un lieu de pèlerinage pour les hindouistes, ce qui explique que nous ayons croisé quelques sadhous venus d’Inde, lors de notre descente vers Pokhara. Mais c’est aussi un lieu saint pour les bouddhistes. Nous avons d’ailleurs visité l’ancien gompa puis le nouveau où vivent une trentaine de jeunes moines, filles et garçons mélangés. Ces jeunes Tibétains nous ont accueillis joyeusement et nous avons pu assister à la cérémonie de la fin de l’après-midi : chants lancinants, coups de gong, rituels du nettoyage de l’hôtel au pied de la statue de Bouddha

Nous avons ensuite repris notre route, celle du " retour ", plus touristique donc moins authentique mais néanmoins agréable.

Nous avons d’abord marché à travers les paysages désertiques et arides du Mustang où le vent nous envoyait du sable au visage. Moins de chorten (petit monument en pierre marquant l’entrée d’un village) et de moulins à prière (que David s’amusait à faire tourner) signes de la présence de Tibétains.

Nous sommes arrivés chez les Thakalis au moment même où ils organisaient dans chaque village des compétitions de tir à l’arc marquant le début du printemps.

L’hiver des hauteurs avait laissé place aux vergers d’orangers et de citronniers couverts de fruits juteux, aux pommiers et pêchers en fleurs ou encore aux rhododendrons aux grosses fleurs rouges.

Pour finir en beauté et jeter un dernier coup d’œil sur ces sommets mythiques (Annapurna I, II, III, IV et sud ; Dhaulagiri ; Machhapuchhare…), nous sommes remontés à 3200 mètres avant de redescendre vers Pokhara.

Que c’est bon de se sentir si petit, entouré par tant de beauté simple, naturelle, paisible !…

Le retour à la vie citadine nous a d’ailleurs paru assez difficile même si une vraie douche chaude et une bonne pizza n’étaient pas désagréable.

Nous ne serons cependant restés à Pokhara que deux jours, histoire de longer le lac et d’apprécier le superbe panorama sur les sommets neigeux des Annapurna .

Entre village et ville, Pokhara nous aura permis de nous réhabituer doucement à l’agitation qui nous attendait à Katmandou.

 

QUESTIONS - REPONSES

 

F Le Bouddhisme au Népal :

Après l’Hindouisme en Inde, nous avons découvert un peu plus, au Népal, ce qu’est le bouddhisme dont on parle de plus en plus en Europe.

Il existe dans le monde différentes " tendances " bouddhistes mais ici, nous avons surtout entendu parlé du Bouddhisme tibétain et il faut reconnaître qu’il y a matière à réflexion…

Voici quelques éléments d’information qui vous donneront peut-être envie d’en savoir plus, comme c’est le cas pour nous.

F Qui était Bouddha ? : 

C’était un prince indien, Siddharta Gautama, qui vivait 500 ans avant JC. Voyant que tant de gens souffraient autour de lui, il décida, à l’âge de 29 ans, de mettre fin à sa vie luxueuse pour chercher comment supprimer la souffrance dans le monde.

Il vécut donc 6 ans, retiré du monde, dans des conditions très difficiles mais il ne trouvait pas de solution. Il décida donc d’abandonner cette vie extrême et de suivre " la voie de la modération ". C’est à ce moment, à la fin d’une très longue méditation qu’il atteignit l’Illumination c’est-à-dire qu’il trouva comment lutter contre la souffrance et même la faire disparaître.

F Quel est le message de Bouddha ? :

L’homme crée son propre destin. Donc, puisque la souffrance existe dès la naissance et qu’elle provient des désirs que l’on ressent, pour ne plus souffrir, l’homme doit maîtriser ses désirs et s’en libérer.

Pour y parvenir, il faut suivre la " voie de la modération " c’est-à-dire comprendre des valeurs morales, intellectuelles et spirituelles comme la générosité, la discipline, la patience, la concentration…et vivre en les respectant.

Cela passe par la méditation qui permet de se connaître, d’identifier ses problèmes personnels pour essayer de les régler soi-même. Le but est de se "purifier " pour atteindre le Nirvana c’est-à-dire le bonheur suprême.

 

F Le Bouddhisme est-il une religion ? :

 

De nombreux " spécialistes " ont posé cette question et les réponses varient donc nous ne nous risquerons pas à prendre position.

Nous avons seulement remarqué que lors des pujas (les cérémonies) qui ont lieu dans les gompas (les monastères), les lamas (moines) récitent des textes tout en réalisant des actes rituels devant des grandes statues de Bouddha.

De même, de nombreuses femmes font tourner les moulins à prière qui entourent les gompas ou marquent l’entrée des villages…

Pourtant, nous avons lu et entendu dire que Bouddha refusait l’idée d’un " être suprême " et s’opposait à tout culte et ritualisme envers un dieu.

Alors que Jésus (pour les chrétiens), Mahomet (pour les musulmans), ou Rama (pour les hindous) ont reçu l’Inspiration de la " main "de dieu, Bouddha a atteint l’Illumination par ses propres moyens et efforts. Il ne prétendait donc pas transmettre un message divin.

Nous nous arrêterons là pour le moment mais peut-être que nous reviendrons sur ce sujet après avoir découvert d’autre pays bouddhistes comme le Laos et le Viêtnam.

Côté pratique de notre trek

Tout d’abord, pour choisir notre parcours et organiser notre randonnée, nous avons trouvé pas mal d’informations et de conseils dans le local de KEEP (Katmandou Environnent Education Project) : cette association propose l’aide de spécialistes et met à disposition des cahiers dans lesquels des personnes qui ont fait un trek décrivent leur expérience.

Le parcours que nous avons choisi pouvait être bouclé en 2 semaines mais nous nous sommes données une marge d’une semaine et nous ne le regrettons pas.

D’abord, ça permet de se reposer avant et après les journées difficiles comme le passage du col.

Ensuite, ça permet de ne pas être obligés de marcher si le temps est mauvais. Enfin, ça permet de prendre le temps d’apprécier les paysages qu’on traverse et de s’arrêter plus longtemps si on rencontre des villageois ou si on veut aller visiter des monastères, des villages excentrés du sentier principal. D’ailleurs, ça peut aussi permettre d’éviter une crise d’AMS (le mal des montagnes) en respectant une prise d’altitude progressive au-dessus de 3000m.

Nous aurons donc marché de 30 min à 9 h par jour pour couvrir 175 km en 75 h au total avec notre sac (de 7 kg environ) sur le dos.

Nous avions fait du tri et laissé pas mal d’affaires à Patan, chez notre ami, ce qui fait qu’au bout des 19 jours, nos 2 tee-shirts, pantalons, paires de chaussettes et polaires n’étaient plus très présentables…

Quand il fait –8°C la nuit dans la chambre, le linge a du mal sécher !

Remarquez, nous aurions pu faire comme certains touristes qui engagent un porteur pour transporter leurs énormes sacs. Eh oui, ça existe !

Heureusement, ce n’est pas systématique et certains randonneurs prennent effectivement un guide-porteur mais le respecte.

Nous avons aussi rencontré quelques trekkers malchanceux qui étaient tombés sur des guides et /ou porteurs paresseux et désagréables : dommage quand on a réglé d’avance pour 3 semaines…

Côté hébergement et alimentation, nous avons trouvé très facilement à chaque étape des " Lodges " plus ou moins accueillants et corrects mais peu remplis ( alors qu’en saison, c’est-à-dire d’octobre à décembre, certains se retrouvent sans-abri !).

En fait, il existe une association, l’ACAP (Annapurna Conservation Area Project), qui tente d’aider les villageois de la région des Annapurnas grâce à l’argent que rapportent les randonneurs.

L’idée est généreuse et nous sommes d’accord pour participer (à travers le permis de trek, la consommation tout le long du parcours…) mais il semble que certains villageois ne voient plus en nous, trekkers, que l’argent et plus d’une fois, nous sommes sortis de table pas rassasiés alors que nous avions payé beaucoup plus cher qu ’à Katmandou même…

Pour finir, sachez que la soupe à l’ail est très conseillée pour ceux qui prennent de l’altitude.

Nous, après deux tentatives, nous ne pouvons plus la supporter :

rien que l’odeur nous donne la nausée !

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